lundi 17 mars 2008

Totem: Le premier conte policier

Voici l'hisoire que j'ai lu aux Auteurs du dimanche. Le thème de la soirée: Totem.

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Par un matin brumeux, dans la forêt sans histoire depuis 1927, les premiers rayons du soleil furent accompagnés d’un hurlement horrible qui glaça le sang des bêtes.

- ARRRRRGH !

Cria le lapin rose à plein poumon. En faisant sa promenade matinale, Marvin Excellent fit une découverte macabre. Il était terrorisé, horrifié. Pire ! Il était terrorifié.

C’était un mauvais présage. Au pied d’un grand chêne, la tête de Julie, la biche tant aimée de tous, avait été sculptée à même l’arbre, juste au-dessus de la tête d’un homme.

Selon la légende, l’homme était un chasseur du nom de Louis-Prudent-Alexandre Goyette. C’était un grand colosse, un malabar, un des meilleurs partis à marier du village.

Mais en 1927, il avait été retrouvé décapité, son corps gisant sur la terre humidifiée par son sang. Le seul indice sur l’identité du meurtrier, c’était cette tête, sculptée dans un arbre.

Fait étrange, cet arbre avait cessé de pousser, probablement sous le choc d’avoir été le seul témoin de ce meurtre sordide.

Cette histoire était racontée aux enfants animaux s’ils refusaient d’aller au lit. Le mystérieux meurtrier, c’était leur bonhomme 7 heures.

Le cri terrorrifiant de Marvin Excellent avait attiré les animaux de la forêt. Devant cet étrange totem, ils étaient sans voix, pétrifiés par l’image statique de deux têtes empilées.

Dans cette foule, la biche Julie manquait à l’appel. Ça ne faisait aucun doute, elle avait due être assassiné.

D’un commun accord, les animaux se séparèrent pour amorcer les recherches. Ils allaient passer la forêt au peigne fin pour trouver le cadavre, amasser des preuves sur l’identité du tueur et offrir à Julie une sépulture décente.

Chez les animaux, des noms commençaient à circuler pour identifier le malfaiteur.

Parmi eux : Nours, Boubi L’Hibou et Billy Beaver.

Nours était le plus fort, il aurait pu attaquer la biche sans peine.

Boubi L’Hibou, carnassier sans coeur, aurait pu avoir une fringale nocturne et s’empiffrer à même le corps meurtri d’une Julie endormie.

Finalement, Billy Beaver semblait être le seul avec un talent de sculpteur et la connaissance du bois.

Billy Beaver fût celui qui découvrit la carcasse de Julie, inanimée. Ses yeux avaient été soigneusement arrachés. On y voyait qu’une cavité osseuse destinée à y loger autrefois des globes oculaires.

Curieusement, sur son corps, il n’y avait aucune blessure mortelle. Juste des traces de petits sévices qui mis ensemble, devenaient des traces de grands supplices. Une plaie béante.

Après avoir recueilli des dépositions, un procès fut rapidement mis en branle afin d’empêcher un autre massacre.

Le premier à clamer son innocence fut Nours :

- Je… Je n’aurais jamais pu poser la patte sur elle… Je suis gentil, je… Je mange des bleuets ! Je fais du bénévolat auprès des oiseaux attardés depuis des années. Vous me connaissez ! J’ai… J’ai parfois des sauts d’humeur, comme n’importe qui ! J’hurle, je frappe quand je suis contrarié, mais tuer ! Ce n’est pas moi, et vous le savez. Et d’ailleurs, cette nuit-là, je dormais. Personne ne peut le prouver, mais… Vous m’avez vu le matin des recherches ! Je n’étais pas fatigué ! Et moi, si je ne dors pas, je suis fatigué ! C’est une preuve ça ! Et en plus, je n’aurais pas pu sculpter une tête. Je suis incapable de dessiner un bonhomme allumette…

Ce témoignage peu convaincant pris fin quand Billy Beaver se rendit à la barre.

- Je n’ai jamais tué quiconque, même si l’envie y était. J’étais fou de Julie. Ses jambes de 1 mètre et demi, ses cils battant au gré des vents, son poil, l’odeur de son urine : Je l’aimais. J’étais jaloux d’Hector GrandBois, le cerf qui la chevauchait chaque nuit à grand bruit, mais jamais je n’aurais tué l’élue de mon cœur. J’avoue par contre que j’aurais assassiné sans remords ce salaud d’Hector. Je lui aurais arraché son panache et certains appendices afin qu’il cesse de souiller la beauté virginale de Julie. Mais Julie, je la pleure encore, et je la pleurerai toujours…

Ce témoignage déstabilisait les animaux. D’un côté, on pouvait croire que Billy Beaver aimait trop Julie pour lui faire du mal, et de l’autre, il prouvait qu’il était fondamentalement désaxé avec des désirs d’accouplement avec une femme de 97 fois sa taille.

Boubi L’Hibou, l’érudit de la forêt, était dans l’eau extrêmement chaude. Plusieurs animaux affirmaient l’avoir vu se laver dans le lac la nuit du meurtre. Il s’aspergeait d’eau compulsivement, comme s’il expiait ses péchés.

- Certes, j’aime les bains de minuit… Si c’est là un crime, qu’on me punisse, j’en ai rien à foutre. Mais je n’ai pas tué Julie. Je la trouvais ridiculement sotte, elle baissait le QI de la forêt à néant, mais jamais je n’aurais déshonoré mon splendide plumage avec le sang de cette idiote, par crainte qu’elle soit contagieuse. Je suis un hibou de principes… Je m’envole, et je me pose…

Le jury n’y voyait plus clair. Ils avaient tous un mobile, mais aucun ne pouvait fournir un solide alibi. Ils manquaient de preuves et avec le système judiciaire défaillant de la forêt, aucune condamnation fut retenue contre eux.

On relâcha donc les trois suspects qui devinrent les parias de la forêt.

Boubi L’Hibou s’envola vers des cieux plus cléments sans laisser d’adresse.

Billy Beaver se retira près d’un barrage de devint ermite. Jamais il ne pourra se remettre de la mort de sa dulcinée.

Nours se suicida en attaquant une groupe de chasseurs agressifs armé jusqu’au dent. Il fut mitraillé d’une centaine de balles dans la tête.

De son côté, Marvin Excellent, le petit lapin rose gambadait, fier de son plan maléfique. Faire accuser les trois bêtes qui avaient fait de son adolescence un enfer parce qu’il était rose était le rêve qu’il caressait depuis des années.

La réussite de son plan était basée uniquement sur le fait que personne n’avait appris à se méfier de ce qui avait l’air faible et doux…

FIN !

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Très chère MARIE-EVE,
Les Colombos, Sherloc Holmes et tous les dédectives privés et polices secrètes, peuvent bien aller se rhabiller.
Je suis certainne qu'ils auraient du mal à trouver le coupables, surtout qu'aucune preuve n'a été découvertes.
Encore une fois, tu es GÉNIALE dans TOUT ce que tu écris.
Bravo +++ et à bientôt,
LA Courtesse de Ségur

Johnny Lee Lemming a dit...

C'est une histoire vraie, je l'ai vu sur Canal D, seul les noms ont été modifiés:

Nours = Monique Lee
Boubi L’Hibou = Charlet Simon
Billy Beaver = Frank Prince

Les trois réunis créent un robot anti-vortex. Deux peut-être.