mardi 8 janvier 2008

Le crocodile qui ne devrait pas faire confiance aux dentistes.

Il était une fois, dans les bayous, un crocodile joyeux. Il aimait plus que tout siffler entre ses dents pourries, ce qui donnait un son très intéressant et recherché. Ce croco avait d’ailleurs travaillé avec Ennio Morricone qui avait échantillonné ce bruit pour une pièce du film « The Untouchables », film qui lui avait fait remporté le Grammy de la meilleure musique de film ainsi qu’une nomination aux Oscar en 1988. Morricone n’avait pas remercié Croco, ce qui n’empêchait pas Croco de continuer de siffler… Parce que lui, les honneurs, il s’en foutait éperdument.

Pour se distraire, Croco sifflait les filles aux jupes courtes, les femmes aux seins hauts, les taxis jaunes, les oiseaux bleus, le vendeur de crème glacée, le vieux Jules qui fumait la pipe sur sa rocking chair, et bien entendu, il sifflait les bouilloires hurlantes qui lui répondaient si bien. En fait, il sifflait ce qu’il aimait.

Il siffait également lorsqu’il était contrarié ou s’il voyait quelque chose qu’il ne comprenait pas. Il sifflait souvent : Rarement contrarié, mais souvent dépassé.

Un jour, il fût sérieusement dépassé par les évènements : Un nouveau venu dans les bayous… Un gros animal gris, propre avec des dents blanches et un sourire narquois. Un animal avec une profession. Un noble payeur de taxes. Une bête infâme. Un hippopotame malicieux.

L’hippo savait que dans les bayous, il y avait du travail pour lui : Il était dentiste. Au nombre de chiqueur de tabac et de gingivite au mètre carré, l’hippo pouvait faire fortune.

La première rencontre entre l’hippo et Croco fût fort étrange. L’hippo parlait et comme on le sait, les hippopotames ont les dents rondes et creuses. Lorsque l’air venait à sa bouche, on entendait le son de sa voix et le son de l’air qui remplissait ses dents avant de sortir. C’était comme le son d’une flûte de pan. Croco, contrarié par la musique de Zamphir, siffait très fort, le regard sombre. Croco n’aimait pas la flûte de pan, ni les propos grossiers de l’hippo dentiste.

L’hippo suggérait à Croco un traitement de canal, un pont, un blanchiment des dents et des facettes de porcelaine. L’hippo était très convaincant… Croco voulut soudainement avoir un sourire à tout casser.

L’hippo s’exécuta pendant des heures sur la pauvre gueule de Croco. C’était le Vietnam dans sa bouche. Explosions, mort, torture, bain de sang, soupe tonkinoise (il avait quelques nouilles entre les dents).

Le travail terminé, Croco regarda son reflet dans son marécage. Ses dents avaient l’air beaucoup plus jeunes que son visage… Il fût très contrarié et tenta de siffler. Mais le son n’était plus le même.

Croco mordit l’hippo à la patte et se rendit compte que ses nouvelles dents étaient très acérées. Mais Croco n’était pas très vilain, ses dents pointues ne lui servaient à rien… À part pour mordre un dentiste zélé qui veut vous faire une nouvelle gueule tandis que vous n'avez besoin que d’un bon nettoyage.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

allo Marie-Eve,
contente de te lire à nouveau, après tes longues vacances des fêtes.
Comme tu as raison... des personnes comme cet hyppopotame, il y en a plusse que l'on pense et, ce n'est pas correct d'abuser de ces gens là, qui espèrent s'embellir ou rajeunir ou qu'ils veulent ressembler à telle ou telle vedette. On est pas si bien que cela, dans la peau des autres, quand on reste soi-même, en ...dessous.
Continue de cultiver ta grande imagination. Je te souhaite LA SANTÉ, le bonheur, la paix et, bien sûr..de l'AMOUR plein ton coeur.
Douces colles,
Courtesse de Ségur

Anonyme a dit...

Quel bonheur de pouvoir retrouver cette merveilleuse Marie-Ève qui autrefois à l'âge de 5-6 ans chantait du Édith Butler à tue tête dans sa maison...nous l'aurions parié qu'elle ferait un métier dans le domaine culturel!Marie-Ève tes textes sont absolument savoureux et font naître dans mon imagination une foule d'images multicolores. Mon bonheur est d'autant plus bonifié à la lecture des commentaires de la Courtesse de Ségur qui est toujours dans mon coeur... Malgré les années qui nous ont séparées, je garde toujours espoir de la revoir un jour et partager avec elle des souvenirs d'un temps perdu...
GROS BISOUS XXX
Catoche fille de «Nikou et Daktawi»