jeudi 29 novembre 2007

Le requin qui portait des flotteurs OU Les laches qui attirent la lacheté OU Bordel ! Y'a pas moyen de mettre des accents circonflexes dans les titres

C’est l’histoire d’un requin magnifique à la silhouette fuselée. Il aurait fait rougir d’envie la fusée russe KÖCMÖC.v2/a, fusée qui soit dit en passant n’était qu’un prototype frôlant tout de même la perfection tant les méthodes de propulsion de l’engin dépassaient largement ce que la science s’était permis d’imaginer jusqu’à ce jour.

Bien que ce requin avait l’allure noble d’un divin conquérant, il n’en avait pas l’esprit. C’était un requin sot, inconscient de ce que la nature lui avait donné comme avantage sur les autres créatures marines. Il aurait bien pu mordre le cou d’un espadon femelle complètement séduite par sa beauté et l’entraîner dans une mort orgasmique farouchement souhaitée; Mais il n’en faisait rien.

Préférant de loin rester dans l’eau peu profonde, craignant de ne pas savoir nager, il avait couronné sa première nageoire dorsale et ses nageoires pectorales de flotteurs qu’il avait volé lâchement au petit Cédric Larochelle, 4 ans, venu avec ses parents sur une plage de Fort Lauderdale pour des vacances à la mer. Par souci de bon goût, l’histoire ne dira pas comment ce crime crapuleux s’est déroulé ni la raison pour laquelle le jeune Cédric portait trois flotteurs. C’était grotesque. Ça ne vaut pas la peine d’en parler.

C’est grâce à la peur d’être lui-même que le requin devint un monstre. Pataugeant sur les rives, le ventre dans le sable, l’épine dorsale bien visible aux yeux des vacanciers, il semait la terreur sur les côtes de la Floride.

Plusieurs hommes barbus et hirsutes rêvaient de le harponner, mais la bravoure dont ils tentaient de faire preuve n’était qu’en fait provoquée par un taux d’alcoolémie dépassant celle d’un polonais au réveil. Personne n’osait abattre le requin monstre qui n’était qu’une sale mauviette. Une pâle copie de ce qu’il devait être. Beige. Gris.

Le requin, à force de s’empiffrer d’enfants en vacances et de jeunes pucelles voulant avoir un teint de Beyoncé, s’enlisait jusqu’à atteindre un état quasi-larvaire et devenait de plus en plus gros. Il était complètement dénaturé. Son abdomen calait dans le sable doucement. Il ne bougeait plus, trouvant l’attrait de la chasse sans intérêt.

C’est par un jour de juillet, en marée basse, que le requin se rendit compte qu’il n’était pas amphibien. Le nez en l’air comme une fusée, tentant de sortir du marasme qui l’entourait en se débattant, il perdit la guerre. Il avait perdu également l’habitude de se battre pour obtenir ce qu’il voulait.

Un homme barbu qui passait par là s’attribua la mort du monstre et apporta fièrement la carcasse à la taverne Coco Del Palmierra. On fêta sa force et son courage et il devint l’homme le plus en vue des Etats-Unis. Comme quoi un malheur n’arrive jamais seul, et qu’il est vrai qu’on ne devrait pas vénérer de fausses idoles.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Excellent !!!

Marie-Ève B. Bérubé a dit...

Merci anonyme !

Anonyme a dit...

Bon dimanche, Marie-Eve,
Et ben, tu deviens de plus en plus imaginative et performante.
Je crois sincèrement que tu devrais penser à éditer tes histoires et elles intéresseraient sûrement beaucoup d'adultes qui sont restés jeunes, parce qu'ils ont conservé un p'tit coté de leur d'enfant. Car c'est là, le secret de la longitivité.
Suis certainne aussi que les ados. seraient friands de tes écrits.
Penses s'y sérieusement.
Vois-tu, en temps que la Courtesse de Ségur, mes livres sont ENCORE, et oui après des dizaines d'années, encore beaucoup lûs, par les enfants.
J'espère lire une nouvelle histoire, bientôt.
Mais, reposes-toi aussi, car la Grande Nuit sera bientôt là.
Oh! Oh! Oh!
Je te fais de belles colles,
La Courtesse de Ségur

Ben a dit...

Ton blogue est rendu en anglais!
WTF?
Manifestons!

Anonyme a dit...

eh eh eh Marie-Eve...,
Moi, La Courtesse, je ne lie pas l'anglais.Et j'espère, au moins que tes belles histoires, resteront écrites, dans la langue de Molière.
À bientôt,et douces colles,
Courtesse de Ségur.

Marie-Ève B. Bérubé a dit...

Je ne trouve pas où on change la langue... Ça fait chier !